mercredi 19 février 2014

Mobilisez-vous! Une pétition pour la médiation culturelle


La mention de médiation culturelle risque de disparaître des diplômes de Master, risquant d'anéantir l'effort de constitution d'un champ de pratiques et de recherches pour le moins prioritaire.

Pour signer la pétition: http://www.avaaz.org/fr/petition/Ministre_de_la_culture_et_Ministre_des_enseignements_superieurs_Nous_appelons_a_reconstruire_les_masters_de_mediation_cu/?tKjOWgb


Nous appelons à reconstruire les masters de médiation culturelle.


Nous venons d’apprendre que la médiation culturelle vient d’être effacée de la liste des diplômes universitaires. D’un coup d’un seul ce sont 20 ans de travaux liant étroitement citoyens, artistes, professionnels et universitaires qui disparaissent. 20 ans d’une bataille qui a réussi à inscrire les publics au cœur de l’action culturelle. 20 ans d’efforts pour réconcilier les théories et les pratiques portées par l’Education populaire et celles des professionnels de la culture. Pas seulement de la culture instituée et défendue par le ministère du même nom, mais la culture au sens large, celle portée par les citoyens, le monde associatif, les amateurs qui œuvraient tous ensemble à ce que chaque culture soit reconnue, travaillée appropriée.

La médiation a su trouver sa place aussi bien dans la reconnaissance de cursus diplômants que dans les cadres d’emploi tant des collectivités territoriales que de l’Etat. Aux côtés des artistes, des administrateurs, des conservateurs, des chargés de communication, les professionnels de la médiation sont devenus ces spécialistes des populations visées par le projet de démocratisation culturelle. Nous avons réussi à faire reconnaître qu’il était essentiel pour toute institution patrimoniale et de création (musées d’art, de sciences, d’histoire et de société, monuments historiques, bibliothèques, archives, centres d’art, centres de culture scientifique et technique, centres d’architecture et d’urbanisme, théâtres, centres chorégraphiques, orchestres, etc.) que des professionnels accompagnent les publics dans leurs démarches d’appropriation. 

Ce n’était pas simple ! Nous avions constaté que la démocratisation culturelle ne pouvait être laissée aux producteurs des œuvres, des créations, des savoirs, car ceux-là ont déjà fort à faire pour inventer, chercher, créer. Nous savions aussi qu’il ne s’agissait pas seulement de communication ni de marketing et qu’il fallait veiller à ne pas assimiler les œuvres à des « produits » commerciaux. Nous savions qu’il y allait de la justice et de l’égalité entre tous si l’on voulait éviter que seuls ceux qui étaient déjà dotés d’un fort capital culturel se sentent concernés par les arts, les savoirs scientifiques et la culture. Nous avons voulu former des spécialistes qui auraient pour tâche d’intéresser les personnes à ce que produisaient les artistes et les chercheurs. Nous avons inventé et développé la « médiation culturelle », un ensemble de métiers qui travaillent à diminuer l’écart entre les publics et les œuvres, qui font cet indispensable travail de transmission. Ce travail ne relève pas seulement de l’école mais de toutes les institutions de culture, petites et grandes, qui maillent le territoire national et aujourd’hui le territoire immatériel de l’Internet. 

Cette fonction s’est imposée au point que les musées ont reconnu son utilité en l’inscrivant dans la loi « Musées » de 2002. Alors que les besoins sont immenses, pourquoi supprimer aujourd'hui ces formations qui savent préparer les professionnels, dans tous les champs disciplinaires, aux enjeux et aux pratiques de transmission informelle ? Comment faire aboutir la réforme des rythmes scolaires et l’instauration d’un parcours d’éducation artistique et culturelle pour tous les élèves sans faire appel à ces professionnels qui savent faire converger les besoins de l’école et les ressources des équipements culturels ? Faut-il cesser de former des médiateurs alors que se multiplient les dispositifs de sensibilisation et de transmission pour lesquelles les artistes ou les scientifiques ne sont nullement préparés ? Va-t-on laisser seuls les enseignants face à ces missions, alors qu’ils ont pu constater l’utilité et l’importance des savoir-faire de ces nouveaux professionnels ? Va-t-on purement et simplement abandonner d’immenses territoires dans lesquels n’existent que de petits équipements culturels aux moyens affaiblis par les restrictions budgétaires ? Où vont pouvoir se former tous ces jeunes qui veulent mettre en place des projets culturels, auprès des publics « empêchés » parce qu’ils sont dans des établissements fermés (l’hôpital, la prison), sont enfermés dans la maladie ou le handicap ou parce qu’ils n’y ont jamais eu accès et n’ont pas de famille pour les y inciter?
Sans doute cette jeune profession, qui figurait sur la liste des « nouveaux métiers, nouveaux emplois » soutenus par l’État en 1997 (autant dire au siècle dernier) était-elle encore à préciser dans ses misions, ses compétences, ses savoir-faire et ses références (sociologie, histoire de l’art, communication, psychologie sociale, etc.). Mais c’est précisément par cette ouverture, cette faible institutionnalisation qu’elle pouvait affirmer son rôle d’interface et d’attention pour tous les publics, d’intermédiaire efficace. 

Plus encore, elle préfigure de nouvelles façons de transmettre, car elle a été le lieu où pouvaient se construire de nouvelles pratiques de formation, d’éducation, de sensibilisation. Les lieux culturels, petits et grands, non contraignants, ouverts à tous, mettant à la disposition de tous les savoirs et les productions de toutes les populations (pensons aux écomusées ou aux orchestres amateurs) reposent sur ces compétences variées qu’il est indispensable de maîtriser pour que fleurissent les projets culturels qui sont indispensables à la construction de chacun, dans le souci de l’autre.
Est-ce faute d’avoir pris conscience de l’importance de la médiation culturelle que le ministère de l’enseignement supérieur a pris la décision de supprimer ces diplômes ? Jusqu’où fallait-il simplifier ? Les professionnels de la médiation et les chercheurs ont-il pu se faire entendre ? C’est pourquoi nous demandons tant au ministère de l’Enseignement supérieur qu’au ministère de la Culture de reconstruire les mastères de médiation culturelle. La liste parue au Journal Officiel du 11 février 2014 page 2414 - texte n° 21 - Arrêté du 4 février 2014 témoigne d’un repli sur les disciplines traditionnelles, oublie des champs culturels importants (la photographie et le design par exemple), et positionne la médiation du côté des sciences, en la mêlant à l’information. Or la médiation n’est pas de l’information.

Si la médiation culturelle reste absente des nomenclatures de formation, comment sera-t-il possible de former les professionnels des services des publics dans les secteurs du patrimoine et de la création? Comment seront formés ceux qui mettent la science en culture ? Va-t-on assister à un retour en arrière, avec des publics qui ne seront plus accueillis ? Oublie-t-on enfin que la qualité des médiations dans les institutions culturelles est pour beaucoup dans leur réussite et dans leur rayonnement, auprès de nos concitoyens et auprès d’un public plus lointain, celui des étrangers qui viennent en France ? 

Tous les pays développés ont de tels professionnels, et ils sont souvent au même niveau de responsabilité que les conservateurs (les scientifiques) et les gestionnaires. C’est loin d’être le cas dans notre pays. En restaurant les mastères professionnalisant et de recherche à la médiation culturelle, la France pourrait affirmer qu’elle ne renonce pas à mettre les publics et les populations au centre du travail des institutions culturelles. Elle donnerait ainsi un contenu à l’affirmation toujours répétée et jamais concrète de la dimension culturelle de sa démocratie.
16 février 2014

dimanche 15 septembre 2013

La médiation culturelle

Le terme de médiation culturelle s'est progressivement répandu dans le monde francophone, sans doute parce qu'il semble simple à comprendre et à définir. Sous cette appellation se rangent pourtant de multiples enjeux et des acceptions très différentes. C'est notamment à cette tâche que nous avons tenté de nous atteler, Serge Chaumier et moi-même, afin de présenter un certain nombre de pistes de réflexion sur les multiples voies qui conduisent à la médiation.









S'il se veut une contribution à la réflexion théorique qui se poursuit sur ce nouveau champ multidisciplinaire, cet ouvrage a également été conçu pour donner des informations plus pratiques sur la formation à la médiation culturelle, les disciplines qui la composent et les savoirs qui lui sont associés.


lundi 29 avril 2013

Evaluation des enseignements de L3

Je remercie ceux qui m'ont rendu le document concernant l'évaluation des enseignements de L3. J'ai établi une synthèse de vos remarques, que j'ai transmise au responsable de la licence. Nous avons déjà discuté plusieurs fois des améliorations à apporter aux enseignements, et rencontrerons les enseignants pour évoquer les remarques positives ou négatives que vous avez apportées.

dimanche 21 avril 2013

Philosophie des jeux vidéos




Cet ouvrage publié en 2011par Mathieu Triclot est particulièrement éclairant pour comprendre le monde des industries culturelles de nos jours, et plus encore l'immixtion d'une certaine vision de l'économie (dans sa version la plus libérale) au sein de notre vie actuelle, par le biais notamment des jeux vidéos. A l'heure des "serious games" et autres méthodes visant à introduire du jeu partout, et notamment dans le travail, il importe de mieux comprendre la logique de ce qui n'est pas encore tout à fait considéré comme un produit culturel identique au théâtre ou au cinéma, mais dont la logique actuelle vise à rassembler le secteur des jeux vidéos et la culture, par le biais des industries créatives.

L'ouvrage s'attache à présenter l'histoire - de manière particulièrement pertinente - du jeu vidéo, depuis ses débuts, il y a maintenant cinquante ans, jusqu'à nos jours. Dissociant "game" et "play", Triclot évoque l'expérience particulière que constitue le jeu, et les différents ressorts sur lesquels se fonde le jeu vidéo.

Ce texte très clair et critique quant aux conséquences de l'industrie du jeu vidéo, résonne de manière particulière pour le muséologue. L'auteur cite la gamification du monde, l'expérience du joueur, décrit le dispositif technique du jeu vidéo, relie ce dernier à la critique d'Adorno, autant d'analyses qui pourraient être réalisées avec de nombreux médias, mais qui trouvent de nombreux échos avec celles portant actuellement sur les musées.

L'ouvrage peut être acheté sur papier, mais peut également être consulté gratuitement sur Internet, en cliquant ici.




lundi 4 février 2013

Questions d'expologie

Le titre de cet ouvrage renvoie à une longue discussion, largement abordée dans le Dictionnaire encyclopédique auquel Serge Chaumier à participé.

L'excellente collection Musée-Mondes, à la Documentation française, poursuit sa politique de publications. Ce petit "traité" réalisé par Serge Chaumier constitue un ouvrage d'un grand intérêt, tant pour les étudiants que les professionnels (son prix est très accessible). L'auteur, qui dirige le Master Expo-Muséographie à Arras, anime depuis de nombreuses années un blog où il témoigne, entre autres, de sa pratique très régulière de visite d'expositions aux quatre coins du monde. L'ouvrage aurait pu utilement tirer un peu plus parti de la collection des expositions visitées présentées dans le blog - le travail d'illustration s'avérant impossible à mettre en oeuvre, pour des causes bien compréhensibles de budget.

 

Serge Chaumier, ici, ne traite que d'expositions muséales, et non de celles des grands magasins ou de celles de foire (parfois évoquées). La matière est déjà assez abondante. Il ne s'inscrit pas non plus dans la tradition d'analyse de Newhouse ou de Altshuler. C'est en quelque sorte à l'exploration d'une sorte de grammaire - ou plutôt d'une rhétorique particulière - à laquelle nous invite l'auteur, s'inscrivant à la suite des travaux de plusieurs autres muséologues ayant largement contribué à ce domaine, comme Jean Davallon, André Desvallées ou Marc-Olivier Gonseth. La taille du traité (quelques intertitres supplémentaires auraient été les bienvenus) laisse présager de futures éditions, ce qui ne peut que nous réjouir.





lundi 1 octobre 2012

La médiation culturelle




Il est encore relativement rare de trouver des manuels évoquant la médiation culturelle. Celui-ci, qui se présente plutôt comme une synthèse d'expériences réalisées au Québec, vient d'être publié, en 2012, sous la direction de Jean-Marie Lafortune, aux Presses de l'université de Québec. Préfacé par Jean Caune, l'ouvrage aborde, de manière parfois inégale, les différents aspects de ce champ particulier, insistant notamment sur nombre d'actions en dehors des lieux conventionnels de la culture: expériences dans la ville, sur Internet, etc. L'introduction et les premiers chapitres restituent bien la dimension politique et sociale de la médiation, présentant les acteurs et les publics (ou non-publics) impliqués dans les actions. La seconde partie de l'ouvrage présente un grand nombre d'études de cas, toutes réalisées au sein de la belle province. 






jeudi 29 mars 2012

Inside Job

Il n'est jamais trop tard pour parler d'un documentaire comme Inside Job, d'autant plus que la crise déclenchée fin 2007 est loin d'être terminée. Ce film montre, outre la cupidité effroyable des banquiers de Wall Street, le rôle étonnant joué par certains économistes universitaires dans la destruction du système qui a conduit à la catastrophe financière que l'on sait. Quatre ans plus tard, le système qui a permis les subprimes, la faillite de grandes banques d'affaires (Lehman Brothers), mais surtout la ruine de millions de citoyens, n'a absolument pas été transformé (sinon de manière cosmétique).

Ce film, qui se trouve facilement (il est même en réduction pour l'instant à la Fnac) constitue un document pour le moins intéressant à regarder.