Habitué à traquer les dérives potentielles des grands établissements culturels, dans leur recherche de ressources financières, Hasquenoph s'est penché sur les expositions du "photographe" coréen Ahae, dont tous les parisiens ont au moins le souvenir des curieuses campagnes d'affichage, dans le métro notamment. Étonnant souvenir de cet artiste inconnu mis en avant comme un nouveau prodige, présentant des images d'une mièvre banalité. Nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur la place donnée à cette manifestation, et sur l'investissement considérable lié à cette manifestation. Hasquenoph est allé plus loin, cherchant à comprendre les raisons de cet investissement, et surtout l'identité de l'artiste inconnu.
Les révélations du blogueur-enquêteur, détaillées d'abord à travers son blog, seraient restées confidentielles si Ahae n'avait été étroitement mêlé au naufrage d'un bateau, en Corée, faisant plus de 300 victimes.
Cet ouvrage illustre, de manière tout à fait remarquable, les relations de pouvoir entre un mécène et l'organisme culturel bénéficiant de ses largesses. L'histoire d'Ahae, étonnante, montre les difficultés liées aux recherches de financement que les musées, notamment, sont contraints de développer, au fur et à mesure que les pouvoirs publics cherchent à limiter leurs interventions financières. La logique évoquée par Mauss (ou par Sénèque), "donner-recevoir-rendre", s'applique forcément aussi ici dans ce cas, induisant des difficultés importantes pour le musée sommé implicitement de reconnaître la générosité de son donateur et de lui proposer, en retour, des marques d'estime à la hauteur de son investissement. Même si l'argent n'a pas d'odeur, le musée conserve une partie de l'identité du donateur (parfois inscrite dans la pierre, comme au Louvre). Celle-ci peut s'avérer parfois encombrante...
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